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Pourquoi Shadow of the Colossus reste une de mes meilleures expériences vidéoludiques ?

  • Photo du rédacteur: Jirolondon
    Jirolondon
  • 6 août 2024
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 mai

C'est à cette question que je vais tenter de répondre dans ce 1er post. Au gré d'interprétations personnelles et de partage de souvenirs de jeu... Attention Spoiler !



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Le 1er mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce jeu est vertige... D'abord un vertige géographique, architecturale, purement verticale, provoqué par les dimensions gargantuesques des décors, bâtiments et colosses en eux-mêmes. J'ai passé de nombreuses minutes à me laisser happer par ces environnements magnifiques, perché en haut des sanctuaires, à contempler la beauté de ces tableaux variés, avec comme seul compagnon le son du vent. Courir après l'horizon demeurait un plaisir en jeu. La simple idée d'entrapercevoir un nouveau morceau de paysages encore inconnu était une motivation suffisante pour rallonger mes sessions de jeu, en soi un objectif secondaire en plus de la quête des colosses.



Comment ne pas s'attarder sur ce château ? Véritable tour de Babel dont la seul ascension représente un défi semblable à l'affrontement d'un colosse, le vertige qu'il procure par son assemblage fait de lui un de mes lieux virtuels préférés dans mon imaginaire. Le vertige vient aussi de ce pont inoubliable, mystérieux de par sa propre existence. Comment diable a-t-il été assemblé par des mains humaines ? Véritable ligne d'horizon, ficelle infinie sur laquelle on peut s'aventurer, sa progression invite aux plus grandes rêveries. Toutes les architecture du jeu viennent accentuer la petitesse de Wander et de son cheval Agro. Héros de leur propre histoire, ils sont renvoyés à leur statut de simples créatures mortelles.




Vient s'ajouter ce que j'appellerais un vertige temporel. Le jeu semble se passer à une époque antique, aux prémices des 1ères civilisations. Les tenues des personnages ornées de motifs tribaux ainsi que leur langage inconnu accentuent cet aspect immémorial. Et pourtant nous côtoyons des structures et créatures qui semblent demeurer depuis des millénaires, renvoyant à un temps encore plus éloigné... Le jeu nous propulse dans un gouffre temporel qui nous fait miroiter les 1ers échos de l'existence. Nous avons l'impression d'explorer un avant-tout, un avant-mythe, d'être littéralement là avant.



Il est temps de se perdre en divagation sur les colosses. Ce sont les boss des boss, leur affrontements et design ont défini un standard pour ce genre de phase de gameplay pour tous les jeux à suivre la sortie de Shadow of the Colossus. Qui-sont-ils ? Comment sont-ils apparus ? Je ne peux m'empêcher de ressentir de l'empathie pour ces figures oubliées qui errent sans but dans ces contrés bannies par l'Homme. Continuent-ils de remplir un rôle de gardien qui n'a plus lieux d'être ? Leur apparence oscillant entre le vivant et le mécanique vient renforcer l'incertitude et l'aura de mystère qui les entourent. Mes trois favoris sont le 3ème, 5ème et 16ème.




Knight ou Gaius selon l'appellation des dévs ou des joueurs me plaît pour son côté chevalier fatigué. Nous le tirons de son sommeil qu'il a sûrement pris après une bataille ancestrale dont les échos sont perdus à jamais. Il est un peu maladroit pour une bonne raison... Wander et Agro sont à n'en point douter les 1ers adversaires qu'il affronte depuis des siècles, voir des millénaires. Son maniement de son épée paraît engourdie, il est lui-même emporté par le poids de celle-ci tandis qu'il l'abat sur le sol avec la violence d'un séisme. L'image de Bird ou Avion me hante encore. Gardien éternel d'un lac brumeux, perché au sommet d'une colonne, il fixe du regard Wander et Agro. Je me souviens encore du moment où je le confonds avec une gargouille avant de m'apercevoir avec frisson qu'il s'agit de ma cible...



Enfin Evis/Malus m'a fait lâcher la manette dès lors que sa silhouette est venue transpercer les nuages orageux qui l'entourent. Beaucoup de détails viennent susciter la peur et la crainte. À commencer par sa taille bien sûr... Mais c'est également le seul colosse figé au sol, dont le bas du corps est scellé dans une sorte de tour. Là où ses semblables sont libres de leur mouvements, lui est condamné à une stagnation éternelle. Qui d'assez puissant dans ce monde a bien pu réaliser ce prodige ? Et pour quelles raisons ? Son terrain d'affrontement s'apparente à un champ de bataille avec des fortifications, tranchées et mur de défense qui sont d'une aide précieuse pour Wander qui vient tout juste de perdre son plus précieux compagnon Agro... Ce combat, accompagné d'une musique s'apparentant à un requiem, représente un point de non-retour. Il n'est plus possible de faire marche arrière, tous les sacrifices doivent avoir leur justification dans ce dernier duel, sans quoi Wander aura fait tout cela pour rien. Depuis son point culminant, situé tout au sud des terres désolées, Evis/Malus était témoin de la série meurtrière de Wander. Il pouvait voir les âmes de ses semblables s'envoler vers les cieux une par une. Lorsqu'une silhouette miniature armée d'une lame apparaît à ses pieds, il a déjà compris dans quel but c'était. Élément final de la tragédie... Evis/Malus est le colosse à l'apparence la plus humanoïde. Certe Knight/Gaius et quelques autres s'apparentent à des humains mais seul Evis/Malus est doté de poignets, genoux, chevilles, mains à 5 doigts et pieds à orteils, sans disproportion. Evis/Malus représente la dernière part d'humanité qui restait en Wander. En le pourfendant, il n'est plus qu'un monstre. C'est après cet ultime meurtre qu'il succombera totalement aux ténèbres et au pouvoir maléfique de Dormin.



L'histoire de Shadow of the Colossus possède tous les éléments qui constituent les mythes et légendes des civilisations, particulièrement grecques et romaines. Un héros mortel pensant maîtriser son destin, une manipulation divine, un twist final renversant les cartes, un questionnement moral... J'aime beaucoup me perdre dans les commentaires des vidéos des OST du jeu et l'un d'entre eux m'a particulièrement ému. C'était un/une internaute qui décrivait son expérience en bibliothèque, et il/elle disait avoir raconté l'histoire du jeu à un groupe d'enfants, comme un conte. Les enfants ont été particulièrement touchés et posaient plein de questions à leur conteur/euse. Cette anecdote illustre parfaitement l'intemporalité du jeu. Il est suffisamment rempli de symboliques pour être interprété à un public inconnu du canon original.



Je n'en ai pas fini avec ce jeu, je doute même qu'un jour je puisse en avoir fini. L'œuvre de Fumito Ueda et de son équipe, combinée à la musique de Kow Otani, constitue une œuvre-somme, un sommet artistique comme j'en ai rarement connu. Je vous invite à explorer les vidéos de Nomad Colossus ou Jacob Geller qui ont su retranscrire le quasi-mysticisme du jeu. Zones inexplorées, contenus retirés, items rares, chaque parcelle visible est étudiée et suscite un débordement d'imagination chez une pléthore de joueurs. Pour l'anecdote, Nomad Colossus est remercié dans les crédits de fin du remake sortis sur PS4. Pour la raison qu'il était consultant des avancées de l'équipe de développement en charge du remake qui venait lui demander des conseils quant à la manière de remodeler certains espaces et décors. Ce fan acharné connaissait tellement le jeu au-delà de ses limitations et a accumulé tellement de savoirs depuis plus de 10 ans qu'il a été appelé à l'aide pour sa recréation !





La démesure du projet à ses débuts, à l'époque de la PS2, continue de me faire miroiter une version complète du jeu. Avec ses 48 colosses initialement envisagés, le jeu aurait été une véritable odyssée harassante... Mais cela ne doit pas arriver. Il faut laisser le jeu tel quel. Toutes ces idées abandonnées sont autant de terreaux fertiles à l'imagination qui doivent permettre au jeu d'exister dans l'esprit des joueurs selon leur propre fascination. Comme peu d'autres jeux, Shadow of the Colossus est une bulle d'évasion pour moi. Il évoque un ailleurs onirique dans lequel j'aime me perdre et oublier les écueils de la réalité. Tantôt minimaliste, tantôt titanesque, le jeu varie les scènes intimes et épiques pour un chamboulement d'émotions. Toutes les images que vous avez vu sont tirées du propre mode photo du jeu, c'est vous dire à quel point j'avais à cœur d'immortaliser tous ces instants de jeux aussi précieux les uns que les autres.


Dans mon palais mental, Wander et Agro galopent éternellement...



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Par Jirolondon

 
 
 

1 Comment


Vert De Terre
Vert De Terre
Aug 31, 2024

Super article, hâte de lire le prochain !

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